Le terrarium
On peut justifier deux niveaux de qualité de terrariums :
Les terrariums provisoires :
Improvisés pour le transit d'un animal, sa mise en quarantaine ou simplement dans l'attente d'un logement meilleur, il peut s'agir d'un peu n'importe quoi pourvu que :
La fermeture soit suffisamment étanche et solide pour empêcher toute évasion.
Un des cotés au moins soit translucide pour laisser passer la lumière et, bien sûr, pour pouvoir observer. De plus, la lumière limite considérablement la prolifération d'acariens et autres parasites.
Le bas du récipient doit être parfaitement étanche pour permettre une humidification du substrat sans fuite.
Dans le cas d'une mise en quarantaine, lorsque vous avez un doute sur un éventuel parasitisme de votre mygale ou scorpion, prévoyez un récipient "jetable", ne tentez pas de le récupérer pour un autre
arachnide au risque de le parasiter à son tour.
Une aération suffisante doit être présente, de préférence sur le haut pour éviter la formation de gouttes. Cette aération permet de renouveler l'air, d'éviter le développement de moisissures et la prolifération d'acariens. Enfin, vous ne vous sentez pas obligé(e) d'ouvrir le récipient toutes les deux heures en vous demandant s'il reste assez d'air à votre compagnon pour respirer !
En dernier lieu, le terrarium provisoire doit -évidemment- être choisi en fonction de la taille de son occupant. Les récipients les plus couramment utilisés sont les pots à analyse d'urine (bébés) ou à coproculture (juvéniles), les 'petits pots' de bébé (juvéniles), les boîtes à grillons (10 cm x 10 cm) dans lesquels sont souvent vendus mygales et scorpions en animalerie, les bocaux à conserves, les boites en plastique alimentaire, les boîtes avec couvercle ventilé vendues dans les animaleries...
L'idéal est manifestement la boîte à grillons "Kreca" (Hollande) : assez souple pour ne pas casser, entièrement transparente, superposable, l'ouverture est facile, la taille est adaptée même aux mygales de bonne taille, au moins pour un transit. Elle présente l'avantage non négligeable d'être gratuite. Attention cependant, à une anecdote qu'il m'est arrivé d'observer : dans une animalerie spécialisée de Paris, plusieurs Hysterocrates gigas étaient placées l'une sur l'autre, chacune dans une boîte à grillons, depuis plusieurs jours sans incident. Une nuit, la mygale du dessus a littéralement perforé le bas de sa boîte et le couvercle de celle du dessous. Au matin, il restait une seule grosse Hysterocrates, et quelques restes de pattes !
Ailleurs, d'autres mygales de grande taille ont réussi à soulever le couvercle pourtant bien posé, et à s'échapper . L'enseignement à tirer est que les mygales ont des crochets puissants qui traversent sans peine les plastiques peu épais, et qu'elles sont assez fortes pour arriver à soulever un couvercle. Il est probable que les gros scorpions ont les mêmes capacités, bien qu'il ne me soit pas arrivé de l'observer. Les aranéomorphes et autres arachnides, de proportions plus modestes, ne devraient pas poser ce problème. Par mesure de prudence, le transit des animaux dans de tels récipients doit être exclu en cas d'absence prolongée (plusieurs jours).
Les récipients "provisoires" présentent de nombreux autres inconvénients : de forme souvent irrégulière et inadaptée pour la mygale, il est de plus peu probable, si vous en avez beaucoup, que vous puissiez vous en procurer assez de forme et couleurs identiques. Il en résulte un côté inesthétique et brouillon qui enlève à votre élevage un bonne part de son attrait ! Enfin, ces boites sont de très petite taille et ne permettent pas toujours de placer un abreuvoir, de pouvoir le changer en toute sécurité, et encore moins de renouveler le substrat facilement (mygale difficilement délogeable d'un bocal par exemple).
Ces boîtes, néanmoins, sont peu onéreuses et faciles à trouver. Leur petite taille peut être un atout lorsqu'il s'agit d'expédier vos animaux.
Les terrariums d'élevage :
Il est temps à présent d'offrir à votre protégé(e) le logement qu'il (elle) mérite. Deux critères vont permettre de choisir un terrarium adapté : la taille de l'
arachnide évidemment, mais aussi son habitat (arboricole, terrestre, souterrain). Sans doute vaut-il mieux dépenser un peu plus pour une structure définitive, que de devoir changer sans cesse son installation avec tous les inconvénients que cela entraîne.
Mes deux derniers essais d'installations m'ont amené à abandonner les bacs en plastique vendus en animalerie et les terrariums à ouverture frontale ('guillotine'). Les premiers sont d'une part très chers (presque autant que des terrariums en verre), et globalement assez laids. L'aération est beaucoup trop importante ; si vous logez quelques dizaines de mygales dans de tels bacs, le tout placé dans une pièce chauffée, vous devrez sans doute réajuster l'hygrométrie tous les deux jours.
Là encore, tout est question du nombre d'animaux que vous comptez loger à terme. La gène occasionnée est minime si vous n'avez que quelques arachnides.
Mais ces bacs posent au moins trois autres problèmes : leur matière d'abord. Le plastique est fragile, casse trop facilement et s'use. Au bout de quelques mois de passage de mygales et de lavages, il s'opacifie. Ensuite, la fixation du couvercle à clips latéraux se fatigue et il devient rapidement possible pour une mygale qui le voudrait vraiment de s'échapper. En dernier lieu, vous ne pouvez pas signaliser vos bacs proprement, le plastique ne vous permettant pas de changer et de mettre à jour un étiquetage adhésif. A noter de plus que le petit trou aménagé sur le couvercle pour passer un tuyau est souvent utilisé par les grillons -y compris les plus gros- pour s'évader. En réalité, seule l'ouverture du terrarium par le dessus présente un réel avantage. La surface au sol que présentent les plus grands bacs "Hagen" (40cm*25cm) est cependant utile pour la stabulation de groupes reproducteurs de scorpions (G.DUPRE - Arachnides n°20). Dans tous les cas, ces bacs sont intéressants... comme terrariums provisoires !
Les terrariums à ouverture frontale sont plus adaptés. Il faut éliminer cependant ceux dont les vitres coulissent latéralement. Ce principe de fermeture condamne plus de la moitié de la surface accessible, et à moins de les bloquer systématiquement avec une cale, vous aurez bientôt la joie de constater que quelques mygales sont suffisamment fortes pour les faire coulisser et s'échapper, ce qui peut être une source d'incidents. Au passage, on remarque là une forme d'intelligence et de mémoire dont font preuve certaines mygales : lorsque l'une d'elles trouve le moyen de s'échapper, si vous la replacez dans son terrarium sans le bloquer, elle s'évadera bientôt de la même manière.
Reste la solution préconisée par P. Charpentier dans sa cassette vidéo : Des terrariums dont la vitre coulisse vers le haut, en 'guillotine'. Ces terrariums, à fabriquer vous-même parce que rares dans le commerce, ont l'avantage d'être à vos mesures. Cerise sur le gâteau, le principe de fermeture fait qu'il est impossible d'oublier de les fermer et tout aussi impossible à une mygale ou un scorpion de l'ouvrir : ce sont les terrariums les plus sûrs. Ils sont agréables à regarder et permettent de changer l'eau facilement. Pourtant, lors des manipulations, vous aurez une main constamment occupée à tenir la vitre coulissante et une mobilité très réduite. Ils sont donc inadaptés pour les animaux très rapides ou agressifs qui pourraient alors s'échapper -trop- facilement et/ou mordre. Quant aux mygales arboricoles, en particulier les Aviculariae, elles passent leurs journées sur la vitre coulissante, plus exposée à la lumière de la pièce, et il devient donc délicat d'ouvrir le terrarium. Il n'est pas aisé non plus d'aller récupérer des exuvies ou des restes de repas dans le fond du terrarium lorsque l'araignée est au milieu... Pour finir, blattes et grillons se glissent dans l'interstice formé par le rebord du terrarium et la vitre coulissante lorsqu'il y en a un.
Les bacs que j'utilise, un même principe, mais 3 tailles différentes pour convenir à toutes les espèces.
Par élimination, voici la solution que j'ai adoptée pour le cas général : de petits aquariums (15*30*20) vendus en grande surface ou en magasin spécialisé, sur lesquels seront montés trois profils plastiques qui serviront de guide au couvercle (à couper à la bonne mesure et à roder). Insérez une bande de plaque métallique inoxydable, épaisse et perforée, (comme celles utilisées pour la ventilation de locaux électriques) pour l'aération -4 à 5 cm suffisent-, et votre terrarium est fini ! N'utilisez pas de treillis métallique, une mygale pourrait rester prisonnière (cf. Guide des Mygales élevées en terrarium, Pierre Turbang). Il est d'ailleurs possible lors des bourses entomologiques, d'acheter de tels bacs déjà montés.
Comme aucune solution n'est parfaite, ces terrariums présentent, eux aussi, des défauts :
Il faut utiliser une pince pour récupérer le bac d'eau en toute sécurité lorsqu'il faut le nettoyer.
Ils sont un peu bas pour les mygales arboricoles ou les grandes araignées. Quoique, a part les très grosses Aviculariae et les Poecilotheriae... Mes bacs sont stockés sur toute la hauteur des murs, je perdrais trop de place à mettre 30 cm de haut ou plus pour un terrarium (sauf exception). Pour les grosses mygales terrestres, comme Theraphosa leblondi ou des groupes de scorpions, ces aquariums existent aussi en 20*40*25 et davantage. Le mieux reste de les faire soi-même "sur mesures", plus hauts éventuellement pour les arboricoles.
Il arrive que lorsque le coulissement du couvercle est trop lâche, une mygale parvient à le pousser et s'échapper. La meilleure parade à cela est de placer les bacs comme indiqué sur la photo, le côté du coulissement contre un mur pour bloquer.
Pour cette dernière raison et afin de privilégier les opérations d'entretien courant (changement de l'eau, nourriture, aération du substrat...), je les place avec l'aération devant, côté coulissant calé contre le mur.
Le récipient d'eau est placé sous la bande metallique, ce qui me permet de le remplir avec une grosse seringue (30 ou 60 ml, vendue en pharmacie) sans même ouvrir le bac pour les animaux très rapides (aranéomorphes) ou agressifs. Pour nourrir l'araignée, je ravance légèrement le terrarium et j'entrouve la vitre. Je mets le(s) grillon(s) ou la blatte, et le tour est joué ! Pour fermer, il suffit de pousser le terrarium vers le mur, ce qui fera coulisser la vitre jusqu'à ce qu'elle soit bloquée par la grille d'aération. En moyenne, cela doit prendre la moitié du temps nécessaire avec les autres systèmes, et permet de garder vos deux mains libres en permanence. Ce type de terrarium est à mon avis le plus recommandé avec les animaux très agressifs ou rapides, en particulier les scorpions et mygales terrestres, les scolopendres etc..., qui ne peuvent s'échapper directement comme ils le feraient avec une ouverture frontale. Facilité aussi pour retourner le substrat et l'aérer : vous pouvez dans la plupart des cas le faire avec une baguette, sans enlever l'animal. Je place les abris dans le fond du terrarium, c'est-à-dire côté coulissement, ce qui a deux conséquences intéressantes : premièrement, la mygale ou le scorpion passera la majorité de son temps dans le fond, vous permettant un accès aisé au récipient d'eau. Ensuite, les restes des repas seront le plus souvent déposés par la mygale à l'opposé de son abri, sous l'ouverture du terrarium, donc bien apparents et faciles d'accès.
Les batteries :
Si vous possédez de nombreux animaux en terrariums, le principal moyen de les "stocker" avec une perte de place réduite est de les mettre en batterie. Plus faciles et économiques à réaliser soi-même (mais plus chères à l'achat !), plus pratiques pour les expositions, les batteries multiples (grands terrariums compartimentés) sont cependant plus ennuyeuses à nettoyer ou à déplacer, plus fragiles, plus lourdes, bref, elles ne sont guère souples d'emploi. Je n'ai trouvé qu'une solution abordable pour conserver ce système de batterie tout en gardant les avantages de terrariums individuels : réaliser des blocs en bois, de 30 cm de profondeur, surélevés de 10mm pour pouvoir passer un câble électrique si nécessaire, adaptés à la taille des terrariums que j'utilise. Pensez à ajouter 6 cm au moins à la hauteur des terrariums pour insérer un système d'éclairage et pouvoir accéder à l'ouverture. et un éclairage par néon 6W. Superposez ces blocs dans l'ordre qui vous arrange le mieux, vous pouvez à présent, sur moins de 90 cm linéaires et 2m de haut, loger au minimum 40 mygales ou scorpions adultes ou des centaines de juvéniles. Sur dix mètres linéraires..
II - Le substrat
Ce sujet est souvent éludé dans les livres spécialisés. Pourtant, mal choisi, le substrat peut s'avérer être une source de déboires importants. Le principal écueil à éviter est la prolifération de parasites. Quatre ou cinq centimètres d'épaisseur suffisent pour la plupart des mygales, mais certaines comme Aphonopelma Seemanni, déménageuses de gros volumes, demandent un peu plus. Enfin, les mygales souterraines (Citharischius, Hysterocrates...) ont besoin d'au moins 15 à 20 cm de substrat pour creuser leurs galeries.
Pour les scorpions, 4 à 10 cm d'épaisseur de substrat suffisent, selon que l'espèce est souterraine ou non.
Pour les aranéomorphes... Pour beaucoup, elles peuvent se passer de substrat, ou se satisfaire d'un fond de sable ou de gravier. Pour les araignées originaires des forêts tropicales, quelques cms de substrat humide suffisent.
Différents types de substrat sont utilisés par les éleveurs, qui, bien entendu, ne s'entendent pas sur le 'meilleur' à employer. Voici une liste des principaux :
La vermiculite :
Lorsque vous achetez une mygale ou un scorpion en animalerie, il est souvent placé sur ce substrat. La vermiculite est un matériau d'isolation de moins en moins utilisé, cancérigène, source de poussières très volatiles et brillantes, mais qui retient bien l'humidité sans pourrir. On peut la trouver, non dans les magasins de bricolage, mais chez les grossistes en bâtiment, genre 'Big Mat'. Le conditionnement est au minimum de 100L, ce qui est très volumineux mais comparativement assez léger (environ 8Kg). Le prix, léger aussi, avoisine les 120F.
La vermiculite adhère aux pattes des mygales, souille les toiles des arboricoles, les poussières collent aux scorpions en leur conférant un aspect doré assez laid, bref elle est inappropriée aux mygales terrestres et plus encore aux souterraines, car elle a tendance à s'effondrer. Il en résulte une gène certaine pour l'araignée. Véritable nid à acariens lorsqu'elle est durablement humidifiée, elle est selon moi à éviter absolument comme substrat pour vos animaux. C'est pourtant le substrat conseillé par Pierre Turbang dans son ouvrage de référence "Guide des mygales élevées en terrarium". Ne passez jamais la vermiculite au micro-ondes pour la stériliser.
Réservez la aux pondoirs des grillons élevés comme nourriture. Renouvelés fréquemment, ces pondoirs ne restent pas humides assez longtemps pour permettre aux acariens de se développer.
Le terreau :
Substrat intéressant à condition de le stériliser au micro-ondes systématiquement avant emploi, car il abrite une quantité impressionnante de parasites (acariens, colemboles, insectes...) dont on ne peut dire à l'avance s'ils sont nocifs ou non aux araignées et scorpions. Attention, l'usage du micro-ondes n'est possible que pour le terreau et la tourbe.
Dans tous les cas, profitant de l'acidité très faible du terreau, les parasites ne manqueront pas de se développer autour des abreuvoirs et des restes de proies en quelques heures à peine. On peut regretter l'aspect boueux que prend le terreau lorsqu'il est humidifié. Son principal avantage est d'être disponible absolument partout, en grande surface ou en jardinerie, en conditionnements multiples, et à prix raisonnable.
La terre :
Ce substrat est utilisé par certains éleveurs, non des moindres, qui par souci d'économie ou d'un substrat 'vivant', aéré, vont se servir dans la forêt avoisinante. Non traitée, cette terre est le substrat le plus naturel qui soit pour les arachnides. Cependant, la terre contient aussi de nombreux insectes et autres parasites (y compris à l'état larvaire) et des graines de plantes, dont le développement en terrarium peut être gênant. Elle ne peut être passée au micro-ondes, car elle contient aussi des petits cailloux. Pour ma part, je n'en utilise pas !
La tourbe :
Brune ou blonde, elle est à préférer aux deux substrats précédents : j'ai choisi la tourbe blonde, plus acide (Ph ± 4), et donc moins propice à une invasion de parasites. Ce n'est pas la solution parfaite non plus : moins facile à humidifier que la tourbe brune, elle a de plus un aspect moins "naturel" et forme des blocs compacts en séchant. Cependant, la tourbe brune, trop humide, a tendance à se couvrir de moisissures... Tourbe blonde ou brune, il s'agit du substrat à préférer pour les mygales et les scorpions non désertiques. Comme le terreau, on en trouve partout, en conditionnements et prix similaires.
Le sable :
A réserver uniquement aux scorpions désertiques et à quelques araignées résistantes, comme les Latrodectus (veuves noires), peu amatrices d'humidité. Il faut choisir des grains fins à assez gros (1mm) selon les espèces d'arachnides, laver le sable énergiquement avant de l'utiliser, et le sécher impérativement, ce qui prend plusieurs jours à plusieurs semaines. Achetez du sable d'aquariophilie car le sable que vous trouverez sur le chantier voisin est plein de germes et de parasites. Ne passez jamais le sable au micro-ondes. Au besoin, rincez-le à l'eau bouillante, et laissez-le refroidir. Les animaleries spécialisées vendent des sables spéciaux, colorés ou non, qui peuvent être utilisés directement, mais qui sont assez onéreux malheureusement.
Autres substrats :
Pourquoi ne pas essayer d'autres substrats si vous en avez l'opportunité ? Inutile d'utiliser la litière pour chat -même végétale-, les copeaux, la sciure ou autres substrats étudiés pour les chiens, chats ou rongeurs : ils ne se prêtent pas à la terrariophilie. Eliminez surtout les copeaux de chanvre ("Aubiose") qui sont autant de petites échardes dangereuses pour les abdomens de vos protégées. Certains substrats pour reptiles, comme des écorces de pin cassées, peuvent être inclus dans de la tourbe ou du terreau pour en augmenter l'acidité, donner un aspect décoratif, ou plus de consistance. Soyez attentifs à ne pas en mettre trop et à avoir un terrarium bien aéré, car les vapeurs émises par ces copeaux ne sont pas forcément bien supportées par les arachnides.
III - L'abreuvoir
L'abreuvoir est un élément simple mais absolument indispensable de votre terrarium. Des trésors d'imagination ont été développés pour trouver des récipients qui conviennent.
Leurs bords ne doivent pas être trop fins ni tranchants ou pointus pour ne pas blesser la mygale. Ils ne doivent pas être trop grands pour que les grillons et autres proies ne se noient pas, ni trop petits, pour que la mygale ou le scorpion puisse boire, voire s'y "baigner". Au besoin, vous pouvez y placer quelques billes d'argile que les proies utiliseront pour ne pas se noyer.
Les couvercles de conserves sont les principaux récipients utilisés. Sur ce point, le choix est quasi-illimité et votre décision sera avant tout d'ordre économique et esthétique. J'utilise des petits beurriers de restauration en terre, que l'on peut trouver chez les grossistes en matériel professionnel de restauration. Ils sont jolis et solides ; ils " passent " bien quelque soit le substrat choisi, mais, encore une fois, tout est affaire de goût.
Par périodes, laissez le substrat de votre terrarium sécher complètement et durablement (un mois par exemple). Assurez-vous alors que l'abreuvoir, lui, est bien rempli. Cette opération aura plusieurs effets : les parasites seront en grande partie détruits par la sécheresse, le substrat sera plus facile à nettoyer et à aérer (retournez-le à l'aide d'une baguette), et vous pourrez apercevoir par moments votre araignée sur son abreuvoir, en train de boire -ce qui est très rare en dehors des périodes de mue et avec un substrat humide (obs. pers.)-. Il ne faut pas s'inquiéter, elle peut rester des heures dans cette position, elle ne se noie pas pour autant ! Ne faites pas cela avec les juvéniles très sensibles, eux, à d'importants changements d'hygrométrie, ni avec des espèces connues pour ne pas tolérer de manque d'humidité !
Si votre élevage est important, prévoyez quelques récipients d'avance pour pouvoir remplacer immédiatement un abreuvoir souillé sans interrompre votre observation. Pour les "bulldozers à terrarium", genre Aphonopelma seemanni, attendez quelques jours avant de placer leur abreuvoir, sans quoi il sera probablement englouti sous le monticule de terre qu'elles placent à l'entrée de leur cachette.
Plusieurs tailles d'abreuvoirs
IV - L'abri
Ajoutez impérativement une cachette pour le confort de votre araignée ou scorpion. D'un naturel craintif, les arachnides se réfugient à la moindre alerte sous le premier caillou ou bout d'écorce qu'ils trouvent. Ce sera souvent une alternative à l'agressivité d'une mygale ou un scorpion réputé calme. Les accouplements se passeront dans de meilleures conditions si vos animaux sont tranquilles. De même, les (mal)chances qu'un cocon soit dévoré par la femelle s'en trouvent réduites.
Des abris tout faits se vendent dans le commerce. Ils sont en résine, sans aucune aspérité, et de couleurs et de taille suffisamment variées pour convenir aux plus exigeant(e)s. Trop chers malheureusement (comptez 50 à 130 francs par animal...) en quantité.
Une fois de plus, le mieux sera de détourner de leur usage des objets courants : pots de fleurs cassés (limez les bords coupants), décors d'aquariophilie... Un système plus simple consiste à placer dans le fond du terrarium, un morceau d'écorce sous lequel mygale et scorpion creuseront leur abri. Toutes les écorces ne se valent pas : beaucoup moisissent, certaines présentent des aspérités (échardes), d'autres sont infestées d'acariens ou de petits insectes indésirables... L'écorce de chêne liège, que l'on trouve à des prix raisonnables en grands morceaux dans les magasins spécialisés, ne présente aucun de ces défauts. Comptez 30 à 300F suivant la taille, mais à répartir sur le nombre d'abris réalisés (1 à 20, voire plus). L'écorce de chêne liège est légèrement souple, ne présente pas d'échardes, est imputrescible à l'eau, se coupe relativement facilement au cutter, et elle est très décorative. Annuellement, en dehors des arrachages 'commerciaux', de grandes coupes d'écorce de chêne liège sont réalisées dans les Landes, ou en Corse, pour permettre aux arbres de renouveler cette protection devenue trop épaisse, et des arbres sont coupés pour aérer une parcelle. Si vous habitez ces régions, vous devriez pouvoir obtenir du garde forestier l'autorisation d'en ramasser autant qu'il vous en faut, gratuitement ! Attention, le ramassage "sauvage" et plus encore l'arrachage à même les arbres sont formellement interdits.
Pour certaines mygales arboricoles (Poecilotheria...), trouvez des tubes d'écorce creux aussi longs que le permettent vos terrariums, de dix ou douze centimètres de diamètre extérieur. Les mygales s'y sentiront très bien, et ce système vous permet, en bouchant les deux côtés avec un tissu, de déplacer le tout en toute sécurité. Ceci est particulièrement intéressant avec des animaux agressifs, dangereux, sociables (à plusieurs dans le terrarium) lorsque le moment est venu de nettoyer le bac.
Quel que soit l'abri que vous utiliserez -en particulier les écorces-, passez les quelques minutes à l'eau bouillante pour détruire tous les parasites et les germes qui peuvent s'y trouver, et éliminez toutes les échardes.
V - La décoration
Voici venue l'heure d'apporter la touche finale à votre terrarium. En réalité, la décoration n'est ni bien pratique, ni utile. J'ai essayé les plantes vivantes, fausses ou séchées, les décors d'aquariums en résine, des petits éléments en bois... Rien n'y fait, vue la taille restreinte du terrariums, ces éléments entravent les mouvements des animaux, servent de refuge aux proies, et vous gênent -un comble !- pour observer l'essentiel : la mygale. Rapidement tapissés de toile, souillés d'excréments, renversés ou recouverts de terre, ils deviennent plus une charge supplémentaire qu'une amélioration !
Je ne décore plus que quelques terrariums "de démonstration", plus spacieux, rarement occupés, ou lorsqu'il est possible d'allier l'utile à l'agréable. Par exemple, j'ai placé dans un bac hexagonal une Latrodectus hesperus, fond de gros sable, un petit décor en résine, et des fleurs séchées, qui décorent certes, mais surtout qui fournissent à l'araignée autant de supports pour sa toile. Les terrariums de mes mygales et scorpions sont laissés tels quels : c'est plus clair, et plus facile.
Pensez surtout que certaines mygales (Ceratogyrus, Pterinochilus, Stromatopelma...) se feront un plaisir de vous aider dans la décoration de vos bacs en élaborant de superbes toiles : ne les gâchez pas avec des plantes ou autres en surcharge ! Les plus beaux terrariums ne sont certainement pas les plus décorés. Lorsqu'ils sont propres et bien éclairés, ils mettent bien mieux en valeur l'
arachnide.
Si vous souhaitez vraiment inclure une plante vivante comme décoration dans un terrarium de bonne taille, choisissez une plante qui pourra résister aux cheminements des arachnides, qui ne présente pas d'aspérité dangereuse, et qui soit compatible avec l'hygrométrie du bac.
On trouve depuis peu de la résine et des colorants alimentaires qui permettent de réaliser des décors aux formes et mesures de votre choix, sans émanations toxiques, imputrescibles. De tels décors peuvent de plus constituer une alternative à l'écorce comme cachette.
VI - L'éclairage
Les arachnides, pour la plupart, apprécient peu la lumière. L'éclairage naturel ou artificiel d'une pièce, avec un rythme régulier jour/nuit, respectant à peu près le rythme des saisons, convient presque toujours.
Vous pouvez ajouter un éclairage décoratif. Lorsqu'il est allumé, assurez vous que la mygale ou le scorpion a la possibilité de s'abriter s'il le désire, et que la lumière émise n'est pas trop intense. Vous pouvez également inclure à votre installation une lumière rouge pour observer vos animaux de nuit sans les déranger. Faites attention aussi à la chaleur dégagée par les ampoules et les ballasts, vérifiez que les terrariums sont suffisamment éloignés !
Pour observer au mieux vos scorpions, utilisez un tube de lumière noire, de nuit : les scorpions noirs ou marrons ressortiront bleu à vert 'fluo', et les scorpions jaunes ressortiront jaune fluo, avec des reflets splendides. Peu (ou pas ?) sensibles à une telle lumière, les scorpions se laisseront facilement observer, même lors des accouplements. De plus, cette caractéristique vous permet, lorsque vous avez eu une reproduction, de repérer aisément les juvéniles dispersés dans le terrarium, ou de retrouver les exuvies dans le substrat.
NB : les scorpions nouveaux-nés ne ressortent pas à la lumière noire avant leur première mue.
VII - Le chauffage
La plupart des arachnides élevés en captivité sont originaires des milieux inter-tropicaux. Ils ont des besoins accrus en chaleur par rapport aux températures trouvées sous nos latitudes. L'idéal, comme pour l'hygrométrie, est de se rapprocher pour chaque espèce, des conditions naturelles, en respectant au mieux les variations diurne et nocturne, et saisonnières.
De nombreux vendeurs conseillent aux débutants des cables chauffants, tapis chauffants et autres ampoules céramiques, somme toute des objets très onéreux qui ne sont pas du tout adaptés !
Pour ce qui est des cables et tapis chauffants qui par destination se placent sous ou même à l'intérieur du terrarium sous le substrat, il s'agit d'une aberration : dans leur milieu sauvage, les arachnides, en fouissant, recherchent obscurité, mais aussi humidité et fraicheur ! avec de tels cables, ils trouveront un milieu plus sec en dessous, et surtout plus chaud, de quoi les surprendre et les perturber... A moins de trouver un moyen d'utiliser ces plaques sur un côté du terrerrarium.
L'apport de chaleur étant nécessaire sous nos latitudes, notamment en hiver, la lampe céramique -mais placée impérativement hors du bac, au dessus et de côté- semble plus adaptée. D'un coût élevé et gourmande en électricité, la majeure partie de la chaleur produite est perdue hors du bac.
La méthode la plus raisonnable est donc d'inclure votre terrarium dans un caisson ouvert juste sur le devant pour l'observation et l'apport de lumière, avec une ampoule électrique à incandescence -colorée pour ne pas déranger l'
arachnide avec une lumière trop forte- ou une ampoule chauffante (mais pas 'céramique' !) placée dans le fond et à distance suffisante du terrarium pour que la température y soit adéquate. D'ordinaire, une ampoule de 30 à 40W devrait suffire, vous pourrez même vous offrir le luxe d'un thermostat sans arriver au prix de revient d'un cable chauffant. Ne placez JAMAIS un quelconque chauffage (ampoule, cable...) à l'intérieur d'un terrarium d'
arachnide.
Dans la mesure du possible, installez la source de chaleur sensiblement de côté par rapport au bac, de façon que l'
arachnide dispose d'un gradient de 1 à 3 degrés.
Si vous avez de nombreux animaux, cette méthode n'est pas réalisable ! Vous pouvez faire des 'boxes' sur le même système renfermant plusieurs bacs, ou enfin, chauffer et thermostater la pièce complète, seule solution raisonnable pour un véritable élevage. Placez le radiateur aussi loin que possible des animaux pour que la chaleur ne soit pas trop intense et soit répartie, mettez les terrariums vers le haut à mesure que les occupants ont besoin de chaleur. Pour des mygales, Theraphosa leblondi, souterraine et donc habituée à une certaine 'fraicheur' ou Poecilotheria subfusca seront en bas, les Brachypelmae et autres Aphonopelma plus haut.
Une température moyenne de 23 à 26° le jour, trois à quatre degrés de moins la nuit, est courante dans les pièces d'élevage. Attention, les arachnides supportent très mal une température trop élevée !
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Source : GEA